Nouvelle – Icare et l’escalier
Icare est sur le point de s’envoler au-dessus de la mer : il ne reste plus qu’à enfiler les ailes de cire que Dédale, son père, lui a données. Mais soudain il hésite et découvre un large escalier qui s’envole en spirale, le long d’une Tour ronde et qui ressemble comme une soeur à la tour de Babel. Son sommet se perd dans le gris des nuages.
Icare lève les yeux : il vient de découvrir qu’il existe une autre façon de s’élever vers le ciel. Il suffit d’emprunter cet escalier qui paraît sans fin. Icare est perplexe lorsque soudain l’escalier lui adresse la parole :
– Pourquoi hésiter ? Viens ! Tu verras combien est exaltant de gravir mes marches, une à une, lentement en prenant son temps. Viens !
– Hélas si je gravis tes marches je me priverais de cette impression de liberté et de légèreté, celle qu’éprouve l’oiseau lorsqu’il vole.
– Peut-être bien. Cependant as-tu songé à la force qu’il te faudra pour battre des ailes. Ces ailes qui ne font pas partie de toi ? Y as-tu vraiment pensé ?
– Non mais je suis fort, j’ai la ténacité la volonté de m’élever vers le ciel.
– Alors emprunte-moi c’est une autre façon de s’élever et tellement plus facile.
– C’est plus facile, peut-être mais tellement moins exaltant.
– Que tu crois ! Si tu montes un à un, mes degrés, tu les monteras à ton rythme, à ton pas. C’est toi qui décideras de ta cadence. Tu verras alors le paysage changer, s’agrandir et l’horizon reculer encore. Tu pourras reprendre ton souffle et admirer la terre en contrebas.
– Peut-être que tu as raison mais je veux sentir l’air vivifiant soutenir mes ailes, je veux me couler dans l’éther en une ascension jubilante au rythme de mes propres battements d’ailes, toujours plus hauts, plus libre, oui plus libre, être plus moi-même.
Mais que feras-tu toujours plus haut ? Où donc reposeras-tu tes membres fatigués, tes ailes rompues par ces mouvements répétés à l’infini ? Avec moi au contraire tu pourras soulager ton corps las et retrouver ton souffle. Tu pourras après avoir atteint l’ultime palier t’y allonger et t’endormir, heureux d’avoir atteint ton but.
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