Tome II

Nouvelle – Le pensionnat du Sacré-Cœur

Sacré-Coeur Metz

Au pensionnat du Sacré-Coeur on célébrait en juillet une messe solennelle pour fêter à la fois la fin de l’année scolaire et le début des grandes vacances. On choisissait la matinée du jeudi le plus proche de la fête nationale et de la distribution des prix qui avait lieu l’après-midi.

L’ambiance qui régnait ce jour-là était à la fois joyeuse et tendue car – la grand-messe des vacances – comme on l’appelait alors, devait être l’apothéose de toute une année de travail à la fois intellectuel et religieux car nous devions avoir progressé sur le chemin du savoir comme sur celui de la spiritualité.

Nos professeurs, de saintes religieuses vêtues de noir, la tête coiffée d’une cornette tuyautée qui leur mangeait tout le visage et le réduisait à deux yeux, un nez, une bouche, veillaient à ce que nous ne sortions jamais du droit chemin. La peur du diable et de ses complices nous en dissuadait et cette peur devait durer au moins jusqu’à la rentrée d’octobre, car nul n’ignore que les ruses du démon se font plus subtiles et plus sournoises en période d’inaction et de loisir !

Personne n’en était plus conscient que notre bonne mère supérieure. A ses yeux, cette journée était donc d’une importance stratégique pour nos jeunes âmes en péril. Aussi s’efforçait-elle d’être partout à la fois afin de bien veiller au grain.Personne n’en était plus conscient que notre bonne mère supérieure. A ses yeux, cette journée était donc d’une importance stratégique pour nos jeunes âmes en péril.

Aussi s’efforçait-elle d’être partout à la fois afin de bien veiller au grain.Cinq minutes avant le début de la messe, c’était elle qui réglait notre entrée dans la chapelle : nous devions avancer lentement, deux par deux, à tout petit pas, sans faire le moindre bruit sur le parquet ciré qui couinait.Les yeux baissés sous notre petit voile de tulle noir tiré très bas sur le front, qui descendait jusqu’aux yeux au point de nous faire loucher. Nous avancions, mains jointes sur le plexus solaire, à la manière des vierges saintes de nos images pieuses qui nous servaient de modèles.

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