Ma relation avec
moi-même n’a jamais été des plus faciles. D’emblée, les deux poissons de mon signe astrologique n’ont cessé de tirer à hue et à dia sur cette sorte de cordon ombilical qui les relie et ils se retrouvent aussitôt en perpétuelle opposition.
Il s’avéra que, dès ma conception, ils avaient décidé, d’un commun accord pour une fois, d’être chacun d un avis contraire. Ainsi, peu avant ma naissance, une part de moi- même serait bien volontiers restée douillettement blottie dans le ventre de ma mère, mais l’autre moi préféra accepter l’aide de forceps plutôt que d’attendre encore un peu, curieux de découvrir le monde au plus vite.
Je fus donc extirpée sans ménagements aucun de mon liquide amniotique où j’avais jusqu’alors nagé heureuse « comme un poisson dans l’eau » !. Mais bon !.
Ainsi, au fil de mon existence, j’ai essayé, tant bien que mal, de m’accommoder de cette contradiction intrinsèque qui me compliquait tant la vie.
Écartelée entre mes acquiescements à rebrousse-poil, mes oui hybrides, mes refus mâtinés d’assentiments mitigés eux aussi, j’étais en continuel dilemme avec moi-même. M’extrayant, avec une peine infinie, de choix auxquels je regrettais aussitôt d’avoir renoncé, ma vie fut jalonnée de doutes, d’hésitations, de tergiversations interminables.
Il m a fallu attendre six bonnes décennies pour qu’enfin je laisse la parole à cette part de moi que j’aime, pour qu’enfin je cherche à me plaire, à moi et non aux autres.
Je me considère donc à présent du signe du poisson, au singulier , j’insiste. Mon vrai moi a dévoré le second. Mais l’a-t-il vraiment digéré ?
That is the question !
Texte à découvrir sur la relation de Françoise Barats Pallez avec son signe astral et les conséquences sur sa vie, écrit et publiée en juin 1997 dans L’écrit « Age d’or » de la mairie de Montpellier.
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