• Tome I

    Recueil de Nouvelles Tome I

    Origine du Tome I Ce livre est un recueil de plusieurs nouvelles, dix-neuf exactement. Elles ont été écrites sur une période du 2 décembre 1986 au 15 mars 1991 soit une période de 25 ans, débuté il y a plus de 35 ans. Histoires autobiographiques pour certaines nouvelles. Origine du recueil de nouvelles D’autres sont plus ou moins romancées suivant l’imagination de Françoise Barats. Souvenirs d’époques révolues ou histoires de protagonistes hauts en couleurs. Comme précisé plus haut les sources d’inspiration sont multiples et variées offrant un large panel de personnages du client de coiffeur à l’amicale voisine qui souhaite aider son voisin. Il y aussi des sœurs qui ne…

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    Nouvelle – La Terrasse

    Jamais il ne serait venu à l’idée de quiconque d’appeler ce petit rectangle de ciment gris de trois mètres sur quatre une terrasse. Et pourtant madame Noblet, qui en avait l’entière jouissance, ne l’appelait jamais autrement. Cette ‘terrasse’ donnant sur cour, était en fait le toit plat d’une cuisine ajoutée à moindres frais et comme à contrecœur à l’appartement du rez-dechaussée. Vu ainsi, ce toit aurait pu malgré tout mériter le nom de terrasse s’il n’avait buté contre le mur d’un immeuble, qui lui aussi donnait sur la cour. Si bien que, coincée entre ces deux bâtisses grises de trois et quatre étages elle ressemblait plutôt à la photo d’un…

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    Nouvelle – Le chemin

    L’été venait à peine de finir que déjà la nature semblait se mourir elle-même et prenait, pour bien montrer son renoncement, des teintes, fades et moroses qui évoquaient et annonçaient déjà le pourrissement lent et inéluctable, le long travail qui, au cours de l’hiver, allait se poursuivre se parfaire pour finalement aboutir à la mort de toute feuille, de toute fleur et de toute beauté. Les pluies de l’automne avaient envahi les chemins qu’elles transformaient en torrents et les remplissaient de voix ardentes et tumultueuses lui évoquai celles des prophètes. Mathieu Berger avait lutté toute la matinée, mais le torrent avait gagné et emporté une partie du chemin : ils étaient…

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    Nouvelle – Le mas

    Le mas La maison était bâtie tout en longueur au pied d’une restanque où d’immenses pins maritimes l’abritent du mistral au nord. A l’est comme à l’ouest ses fenêtres donnaient sur trois rangées d’oliviers, rangées qu’on avait dû interrompre à l’emplacement de la maison lors de sa construction au début du siècle, les oliviers sont de belle taille, ayant miraculeusement échappé aux hivers incléments de 1929 et de 1956. Ils encadraient les fenêtres de leur feuillage gris-vert minutieux et léger et en été projetant autour d’eux cette ombre subtile et vaporeuse que seuls les grands peintres réussissent à transposer sur leurs toiles. Au sud, au pied de la terrasse qui…

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    Nouvelle – Le Balcon

    Un petit vent allègre et versatile émiettait les douze coups de midi et en bousculait encore quelques échos tremblants par la fenêtre grande ouverte sur la rue, jusque dans la pièce qui autrefois lui servait de salon. Ces fragiles résonances la surprenaient invariablement en pleine rêverie, elle, qui pourtant guettait midi comme on guette l’arrivée d’un voyageur longuement, fébrilement attendu. Car midi faisait la pause, réduisait le temps distendu, fileté d’un matin à un autre matin, ce temps souple, extensible à l’infini, que rien ne venait combler, meubler, si ce n’était justement cet entracte miraculeusement posé là à la mi-journée. Midi, depuis qu’elle ne sortait plus de chez elle, était…

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    Nouvelle – L’angélus

    Même en plein été, dès les cinq heures de l’après-midi, les sages frondaisons des marronniers dans la cour de l’hospice, plongeaient la longue salle commune du rez-de-chaussée dans un demi-jour sournois d’une morne désespérance : un ressac de tristesse et de déréliction défer­lait entre les lits disposés en épis de chaque côté de l’allée centrale, d’un bout à l’autre,… … noyait la blancheur terne et fade des draps dans un ennui gris, glutineux où le corps grêle des petites vieilles semblait s’enliser, leurs couvertures à peine soulevées, évoquant ces cartes en relief, où les collines ne sont jamais qu’esquissées… Entre les lits et comme soutenues, étayées par eux, d’autres fragiles silhouettes…

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    Nouvelle – La clef

    Les fins lambeaux de peau crue d’une ocre transparence, arrachés aux carottes effilées, fleurant bon la terre, et que Justine épluchait rêveusement, retombaient en entrelacs confus sur la page de journal étalée. Elle les sentait se tordre, s’enrouler au bout de son couteau, humides, légers comme une caresse, et savourait l’instant de paix et d’harmonie tranquille qui l’enveloppait.  Le décor, son décor, fait tout à la fois d’ordre sans rigueur et de sage fantaisie, l’enfermait dans une douceur chaude quasi palpable :  les murs couleur ivoire de la cuisine, laqués, luisaient comme un velours de soie et concédaient à l’énorme armoire rustique qui servait de buffet, un relief et une…

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    Nouvelle – La balle

    Jamais Clotilde n’avait franchi cette porte sans avoir l’impression plutôt la certitude de pénétrer dans un univers profondément antre ; il faut dire aussi que la porte elle-même participait de ce dépaysement : son épaisseur impressionnante pour une enfant de neuf ans, et ses lourdes ferrures aux volutes médiévales fixées sur les vantaux par d’énormes clous à tête ronde, la prenaient chaque fois au piège de leurs arabesques compliquées et tellement fascinantes, elle ne pouvait s’empêcher de les parcourir des yeux, sur toute leur longueur, comme on le ferait pour une route tracée sur une carte et que l’on s’apprêterait à suivre… Elle en oubliait, pendant cette brève rêverie, de…

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    Nouvelle – L’oiseau

    Jamais Clotilde n’avait franchi cette porte sans avoir l’impression plutôt la certitude de pénétrer dans un univers profondément antre ; il faut dire aussi que la porte elle-même participait de ce dépaysement : son épaisseur impressionnante pour une enfant de neuf ans, et ses lourdes ferrures aux volutes médiévales fixées sur les vantaux par d’énormes clous à tête ronde, la prenaient chaque fois au piège de leurs arabesques compliquées et tellement fascinantes, elle ne pouvait s’empêcher de les parcourir des yeux, sur toute leur longueur, comme on le ferait pour une route tracée sur une carte et que l’on s’apprêterait à suivre… Elle en oubliait, pendant cette brève rêverie, de…

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    Nouvelle – Le pot de Camelia

    L’esprit encore gravide de nébuleux fragments de rêve et le corps comme engourdi, après la longue immobilité de la nuit, Léa se sentait flotter telle une épave entre deux eaux, entraînée par un reliquat de songe, ou plutôt une somnolence cotonneuse qui l’empêchait de remonter à la claire conscience et de trouver, après les foisonnantes fantasmagories de la nuit et les dédales oniriques sommeil, le monde si solidement présent et palpable du réel. Elle continua, quelques secondes encore, à se laisser porter, comme en état lévitation, au-dessus des choses, puis lentement, apparurent, naquirent en quelque sorte, ainsi qu’en l’objectif d’un microscope mis au point par tâtonnements successifs, les objets familiers…